L'image des enseignants n'est pas brillante... c'est un fait. On nous reproche une certaine feignantise causée par des horaires hebdomadaires qui paraissent, de l'extérieur, bien maigres, et des vacances scolaires un peu trop étendues.
Mais sait-on réellement d'où viennent ces vacances? Quelles sont leurs origines? De quoi se composent-elle? Tout autant de questions auxquelles Le Chef va tenter d'apporter une réponse!
L'article L. 521-1 du code de l'éducation nous informe qu'une "année scolaire comporte au moins 36 semaines réparties en 5 périodes de travail, de durée comparable, qui sont séparées par 4 périodes de vacance des classes". Ces périodes de vacances sont les suivantes :
Les vacances de la Toussaint qui s'étalent sur une semaine et demi. Elles sont généralement situées à la fin du mois d'Octobre et début du mois de Novembre.
Les vacances de Noël, longues de 2 semaines. Elles englobent les fêtes de Noël et le jour de l'an.
Les vacances d'hiver situées au mois de Février jusqu'à Mars, d'une durée de 15 jours.
Les vacances de Printemps, dernières vacances de l'année, durent 2 semaines.
Quant aux vacances d'été, encore surnommées les "grandes vacances", ne font pas partie des congés scolaires, mais marquent la rupture entre deux années.
A l’origine, les vacances rimaient avec les principales manifestations religieuses du catholicisme, à l’exception des grandes vacances qui étaient liées aux activités rurales.
Dès 1231, le pape Grégoire II accordait des vacances pour les travaux agricoles. Ces vacances, qui ne devaient pas excéder un mois, portaient le nom de « vendanges ». En réalité, chaque établissement appliquait divers systèmes de vacances. L’ensemble des jours de congés scolaires suivait le calendrier des fêtes religieuses chrétiennes. Ces vacances avoisinaient 80 jours annuels. La Révolution et l’Empire édictèrent une réglementation unifiant les congés scolaires sur l’ensemble du territoire français.
Au cours du XIXe siècle, les congés scolaires vont peu à peu grignoter le temps de présence à l’école. C'est en 1800 que les seules vacances accordées commençaient le 5 août, pour se terminer le 20 septembre. Ces vacances correspondaient à l’aide que les enfants devaient apporter lors des vendanges et de la moisson. Il faudra attendre 1860 pour que Napoléon III accorde 5 jours de vacances supplémentaires pour les fêtes de Pâques.
La IIIe République uniformise les congés scolaires des premier et second degrés (écoles, collèges et lycées) par un arrêté en date du 11 février 1939, à savoir, 2 jours à la Toussaint, 10 jours à Noël, de 1 à 4 jours pour Mardi Gras, 2 semaines à Pacques et 1 mois et demi de grandes vacances.
Ces 10 semaines de congés ont été accordées pour exaucer les vœux des populations paysannes. En 1950, environ la moitié de la population française exerçait encore une profession rurale. La moisson et les vendanges s’étalaient d’août à la fin septembre et exigeaient la présence de nombreux bras, dont ceux des adolescents scolarisés.
Cependant, l’instauration des congés payés, grande victoire du mouvement ouvrier de 1936 mené par Léon Blum, bouleverse complètement le calendrier scolaire. A partir de 1955, avec l'aisance économique accompagnant "les 30 glorieuses", de très nombreuses familles salariées partent en vacances dès le 1er Juillet, désorganisant ainsi la fin de l'année scolaire située entre le 1er et le 15 Juillet.
L’école doit suivre le mouvement amorcé. Dès 1960, la rentrée est avancée au 16 septembre et le début des grandes vacances est fixé au 28 juin en 1961. C’est alors que les grandes vacances atteignent leur maximum, 10 semaines de congé. La population agricole étant encore importante, et la petite paysannerie ayant toujours besoin de l’aide des adolescents, la circulaire fixant le calendrier scolaire de l’année 1960/1961 précise qu'il est prévu des autorisations d’absences entre les 15 et 30 septembre accordées par l’Inspecteur académique, sur demande des personnes responsables, aux enfants ayant au moins douze ans qui sont occupés aux travaux agricoles dans les départements viticoles compte tenu des travaux de vendanges.
Depuis 1981, les vacances se déchristianisent, les jours de congés liés au Mardi gras, deviennent les vacances d’hiver, celles de Pâques prennent la dénomination de vacances de printemps.
Sous l’impulsion des mouvements pédagogiques qui exigent un rééquilibrage des vacances scolaires, les "grandes vacances" devenues "vacances d'été", vont être amoindries avec l’extinction de la petite paysannerie française, soit 2 semaines de moins au profit des vacances de la Toussaint.
Cette nouvelle répartition suggérée au temps du ministère d’Alain Savary (1981/1984), repris par Jack Lang (1992/1993), tient compte, non seulement de l’intérêt des élèves, de la disparition du travail aux champs des adolescents, mais aussi des intérêts subtilement liés au tourisme. En effet, les mois de juillet et d’août ne peuvent être entamés sans risques de protestation des corporations professionnelles ayant des activités touristiques d’été, d’où le maintien des 8 semaines de congés en été. En outre, les vacances d’hiver, anciennement liées au Mardi gras, ont permis le développement des stations d’hiver.
Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, Le Chef est en vacance, d'où les 30 apparitions du terme!
Dans un séjour paisible, asile de l'étude,
D'où le ciel a pour lui banni l'inquiétude,
Loin d'un monde orageux au charme suborneur,
Heureux le lycéen, s'il connaît son bonheur !